Reconnu de l’Economie Sociale et Solidaire (ESS), CH4 Process intervient depuis six ans aux côtés des exploitants d’unités de méthanisation. Le rôle de Maxime Brissaud, fondateur de l’entreprise, de son associé et de leur équipe de 16 personnes ? Aider les exploitants d’unités de méthanisation, le plus souvent des agriculteurs, à produire mieux et plus d’énergie tout en réduisant les risques. Une entreprise en croissance mais confrontée à des difficultés liées au contexte et à un environnement réglementaire flottant.
Un marché de niche à fort potentiel
En France, on compte aujourd’hui plus d’un millier d’exploitants d’unités de méthanisation, dont au moins 500 agriculteurs. La production d’énergie à partir des déchets et eaux usées reste donc encore limitée mais le potentiel de croissance est important, explique Maxime Brissaud. « Aujourd’hui, la méthanisation représente environ 0,5 % de la consommation de gaz en France. Mais, dans certains territoires et à certains moments de l’année, il peut arriver que 100 % du gaz acheminé soit du biométhane ».
Avec son entreprise CH4 Process, Maxime Brissaud aide les exploitants à produire du gaz et à réduire leur propre consommation d’énergie : « quand on produit de l’énergie, on en consomme, notre rôle, c’est d’aider à baisser la consommation électrique des exploitants et d’améliorer le rendement énergétique».
L’entreprise est basée à Saint-Ouen et dispose d’un atelier près de Reims pour la fabrication et l’assemblage de machines. CH4 Process intervient principalement dans la partie septentrionale de la France, les exploitations céréalières, qui peuvent produire des cultures intermédiaires à vocation énergétique entre deux cultures principales d’alimentation, étant particulièrement adaptées à l’installation d’unités de méthanisation.
Un contexte réglementaire qui suscite des craintes pour l’avenir
Contrairement aux idées reçues, la crise des énergies traditionnelles ne profite pas particulièrement au biogaz, en raison de l’incertitude provoquée par un allègement des aides gouvernementales dans le domaine des énergies renouvelables les dernières années.
« En 2020, le gouvernement a fixé un tarif aidé pour le biométhane moins intéressant qu’auparavant », explique Maxime Brissaud. « Pour l’instant, ça va car les énergies renouvelables reviennent moins chères que les énergies conventionnelles aux tarifs du marché. Mais, on ne sait pas combien de temps ça va durer et l’équilibre économique est mis à mal par le coût de l’énergie nécessaire pour faire tourner les outils de production. Sans un tarif aidé avec une vision claire sur le long terme, qui permette à un agriculteur de se projeter sur au moins dix ans, çela risque d’en décourager beaucoup car les investissements sont très importants. Malgré la crise actuelle, nous observons un nombre de nouveaux sites en baisse et des porteurs de projet qui abandonnent. »
Deuxième obstacle : la crise des matières premières. « Tout prend beaucoup plus de temps qu’avant, les équipements et matières coûtent plus cher, arrivent en retard et on est confronté à des erreurs de livraison », souligne Maxime Brissaud.
Un projet à forte dimension sociale, soutenu par Initiative Seine-Saint-Denis
Interrogé sur sa motivation principale à devenir entrepreneur, Maxime Brissaud n’hésite pas : « je voulais créer une structure qui partage la valeur ajoutée créée entre les membres de l’équipe ». CH4 Process ne pratique pas le versement de dividendes et est reconnu de l’Economie Sociale et Solidaires.
Pour lancer son projet, l’entrepreneur a pu compter sur le soutien et le réseau d’Initiative Plaine Commune. Alors qu’une banque lui refuse dans un premier temps un prêt, il formule une demande de prêt d’honneur après de l’association locale du réseau Initiative France. Au cours de son passage devant le comité chargé d’octroyer les prêts d’honneur, il rencontre un banquier, bénévole de l’association, qui décide de lui accorder son premier prêt bancaire en complément du prêt d’honneur.
Six ans plus tard, Maxime Brissaud s’est associé avec un des salariés et le travail de toute l’équipe a déjà créé seize emplois.