Le réseau Initiative France a réalisé une nouvelle enquête auprès de 2 069 chefs d'entreprises pour connaître leur état d'esprit, leurs projets et leurs aspirations. L'enquête révèle une fragilité des entrepreneurs face aux effets de l'inflation, mais aussi une combattivité intacte et un engagement de plus en plus fort dans la transition écologique et sociétale.
L'entrepreneuriat par conviction
La décision d’entreprendre est plus que jamais motivée par le désir d’indépendance (59 %), le goût du challenge (51 %) et la recherche de sens (33 %). Seule une part négligeable (1 %) des nouveaux chefs d’entreprise s’est lancée par qu’elle y était contrainte. La création / reprise d’entreprise s’avère une option privilégiée pour les personnes en transition professionnelle : 35 % des entrepreneurs sont aujourd’hui en reconversion professionnelle. Ils n’étaient que 30 % il y a seulement deux ans. C’est particulièrement le cas des plus de 45 ans (44 % en reconversion) et des femmes (41 % en reconversion).
Celles et ceux qui se lancent sont satisfaits de l’expérience entrepreneuriale : 91 % des entrepreneurs se disent plutôt heureux et 67 % apprécient le bon équilibre entre leurs vies professionnelle et personnelle.
La rémunération reste le point noir de l’expérience entrepreneuriale. Seuls 39 % des entrepreneurs s’en satisfont. Les acteurs du BTP tirent leur épingle du jeu avec 59 % de satisfaction. A l’inverse, les commerçants (32 %) et les femmes (32 %) peinent à se rémunérer à la hauteur de leurs besoins. Pour autant, plus de 80 % des répondants se lancerait à nouveau dans la création ou la reprise d’une entreprise si c’était à refaire.
De la combativité dans un contexte troublé par l'inflation
Le moral des entrepreneurs reste bon malgré un climat d’incertitude : 72 % des répondants sont dans un état d’esprit globalement positif et se disent avant tout « combattifs », « motivés et « optimistes ».
L’inflation a pesé, plus qu’anticipé, sur le quotidien des entrepreneurs en 2023. Pour 43 % des répondants, l’année 2023 a été « plus difficile que prévue ». L’activité des entreprises a été affectée par la baisse du pouvoir d’achat des consommateurs (49 %), la hausse des coûts des matières premières (39 %) et la hausse des coûts de l’énergie (39 %).
Pris en tenaille entre l’inflation et le souci d’attirer et fidéliser des clients, les entrepreneurs ont hésité à répercuter l’inflation sur le prix de leurs produits et services : seuls 12 % l’ont répercutée totalement sur leurs prix, 51 % partiellement et 36 % pas du tout. Conséquences : une baisse de la marge pour 39 % des chefs d’entreprise, du chiffre d’affaires (25 %) et de la rémunération (18 %).
Pour 2024, l’incertitude domine : 1/3 des entrepreneurs pensent que l’année sera meilleure que 2023, 40 % ne se prononcent pas de 24 % s’attendent à une année dégradée. Conséquence : des priorités mesurées pour 2024 : 69 % ont comme priorité d’assurer la croissance de leur entreprise.
La transition écologique et sociétale donne une nouvelle dimension à l'entrepreneuriat
D'année en année, les entrepreneurs affirment des convictions toujours plus fortes sur leur rôle dans la transition écologique et sociétale : 69 % des entrepreneurs soutenus par Initiative France ont considéré l’impact de leur entreprise au moment de structurer leur projet. Ils n’étaient que 54 % il y a un an. Cet engagement est motivé avant tout par le désir d’aligner « ce qu’ils font avec leurs convictions personnelles » (57 %), loin devant le fait de gagner des nouveaux clients (15 %).
Dans les faits, cet esprit de responsabilité se traduit par des choix déterminés : 67 % des répondants ont déjà fait des choix peu rentables pour leur entreprise mais plus conformes à leurs convictions environnementales ou sociales. C’est particulièrement le cas des industriels (77 %) et des gérants d’hôtels-cafés-restaurants (74 %).
Les femmes se distinguent par une conscience particulièrement aiguë des enjeux écologiques et sociétaux : 73 % d’entre elles ont considéré les impacts de leur projet avant de se lancer (vs. 52 % des hommes) et 69 % considèrent l’impact de leur entreprise comme au moins aussi important que l’enjeu économique (vs. 63 % des hommes).