La moitié des agriculteurs français partira à la retraite d'ici à 5 ans. Face à cette urgence, les associations locales du réseau Initiative France sont pleinement mobilisées, avec le soutien des chambres d'agriculture, pour faire émerger une nouvelle génération d'exploitants agricoles.
L'objectif : rendre possible des projets pérennes et durables, qui permettent aux agriculteurs de vivre correctement de leur activité. Le 27 octobre, Guillaume Pepy, président d'Initiative France, et Sébastien Windsor, président de Chambres d'agriculture France, sont allés à la rencontre de plusieurs entrepreneurs soutenus par Initiative Melun Val-de-Seine et Sud Seine-et-Marne pour faire le point sur les réponses aux besoins des nouveaux agriculteurs.
Depuis plusieurs années, Chambres d'agriculture France et les associations du réseau Initiative France agissent ensemble pour accompagner efficacement celles et ceux qui nourriront la France demain en assurant leur réussite. Des partenariats locaux auxquels est venu s'ajouter un partenariat national entre les deux structures. Ensemble, les deux réseaux s'engagent à :
- Accompagner les transitions économiques et sociétales, environnementales et climatiques du secteur agricole dans les projets d'installation, de reprise et de diversification
- Renforcer les liens entre l'agriculture et les territoires
- Diffuser le partenariat partout où un potentiel de développement d'activité agricole est identifié
Guillaume Pepy, président d'Initiative France
Près de 7 M€ engagés dans les fonds de prêts régionaux en 2021
Sur le terrain, une trentaine de fonds de prêts d'honneur locaux ont été lancés par les associations locales du réseau Initiative France avec le soutien des chambres d'agriculture. Dans cinq régions (Sud, Nouvelle-Aquitaine, Auvergne Rhône Alpes, Bretagne, Hauts-de-France), des fonds de prêt régionaux ont été montés. En 2021, sept millions d'euros ont été engagés dans le cadre de ces fonds régionaux, pour soutenir 298 projets.
Ces fonds viennent répondre aux besoins en financement plus importants des entrepreneurs de l'agriculture : renouvellement du matériel, rachat de ferme, investissements pour l'avenir...
44 %
des agriculteurs soutenus par le réseau Initiative France en 2020 et 2021 ont eu besoin de plus de 80 000 € pour se lancer, contre 31 % pour la moyenne des entrepreneurs.
Le prêt d'honneur est un outil financer qui permet notamment aux agriculteurs de disposer rapidement d'une trésorerie dans l'attente de financements complémentaires.
L'accompagnement, composante essentielle de la réussite
Les agriculteurs font face à des défis multiples : répondre à l'attente des consommateurs, s'adapter aux effets du changement climatique... En complément du financement, les chambres d'agriculture et Initiative France apportent aux entrepreneurs un accompagnement professionnel et dans la durée :
- Dans chaque département, les chambres d'agriculture conseillent et accompagnent les entrepreneurs agricoles. Elles sont auprès des 18 000 porteurs de projets agricoles par an, qui sont accueillis, orientés, informés et contribuent aux 13 000 créations-reprises d'entreprises agricoles. Un réseau de près de 1 000 collaborateurs est au service des entrepreneurs pour étudier avec eux leur professionnalisation, la viabilité des projets, le financement, et les suivre dans les premières années.
- Les 1 000 salariés et 22 000 experts bénévoles du réseau Initiative France sont aux côtés des porteurs de projet à partir du stade de la finalisation du business plan et pendant toute la durée du remboursement du prêt d'honneur (trois à cinq ans). L'agriculteur est mis en relation avec l'écosystème local et rejoint un réseau de chefs d'entreprise sur son territoire.
Zoom sur 4 projets agricoles en Seine-et-Marne
Isabelle Chanclud a travaillé pendant 30 ans comme salariée de la Chambre d'agriculture de Seine-et-Marne. En 2019, elle s'installe comme agricultrice et diversifie son exploitation avec une activité de fleurs coupées bio sur 5000 m². La transition écologique est au coeur de son projet, financé par Initiative Melun Val-de-Seine et Sud Seine-et-Marne : les fleurs sont cultivées sur des paillages en fibres tissées qui réchauffent le sol au printemps, limitent le développement des herbes indésirables et réduisent l'évaporation de l'eau du sol. Une haie biodiversité a été plantée et l'irrigation s'effectue par un système d'arrosage goutte-à-goutte qui réduit la consommation d'eau.
Ottman Beirouk ouvre la Ferme de Sigy en 2013 avec son associé Omar Ahjour et en partenariat avec un éleveur de vaches laitières, Robert Villain. Soutenu par Initiative Melun Val-de-Seine et Sud Seine-et-Marne, cet atelier de transformation laitière met l'accent sur le circuit court : un pipeline souterrain relie la salle de traite de M. Villain à la Ferme de Sigy où le lait est transformé pour produire fromage blanc, yaourts, fromages frais et crèmes desserts. Les produits sont ensuite commercialisés localement, notamment dans des établissements de restauration collective. Les deux associés lancent une deuxième production à la Bergerie Nationale de Rambouillet pour fabriquer des produits 100 % bio. L'ouverture d'un troisième site est à l'étude.
Teresa Garvey et Florentin Duret se lancent dans la création d'une exploitation maraîchère bio en janvier 2022, avec le soutien d'Initiative Melun Val-de-Seine et Sud Seine-et-Marne et de la chambre d'agriculture. Le lancement de l'exploitation est né de la volonté des deux entrepreneurs de travailler ensemble et d'élever leurs enfants dans une ferme. L'obtention rapide d'un prêt d'honneur Initiative leur a permis de disposer d'une trésorerie en attendant le déblocage du prêt bancaire. La conversion de l'exploitation en bio est en cours. A ce stade, les efforts se concentrent sur l'irrigation et la mise en place de clôtures mais le couple envisage de planter des haies pour protéger les cultures des produits phytosanitaires.
Marie-Elisabeth Ravasse reprend l'exploitation familiale en 2019, avec le soutien d'Initiative Melun Val-de-Seine et Sud Seine-et-Marne, après avoir travaillé 20 ans comme salariée dans le tertiaire. Son projet s'appuie sur trois piliers : la conversion des cultures à l'agriculture biologique (blé, soja, pois...), l'introduction d'un élevage ovin plein air et la vente de produits en circuit court. Au-delà de la production, Mme Ravasse veut créer une ferme ouverte et établir des liens avec les autres agriculteurs du territoire.